Retour sur l’histoire de la ligne Zug – Luzern

Je n’ai jusqu’à maintenant parlé de cette ligne qu’en marge d’un autre article, à l’occasion des 150 ans des lignes Zollikofen – Bienne et Gümligen – Langnau. La ligne Zug – Luzern n’a pas que la date de mise en service commune avec ces deux lignes bernoises, mais aussi une origine commune: l’idée d’une ligne transversale Ouest-Est à travers le pays.

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Un tunnel pour la deuxième voie

BienneParfois, il n’est pas facile de construire une deuxième voie pour augmenter la capacité d’une ligne ferroviaire. C’est particulièrement vrai en montagne, mais aussi lorsque le chemin de fer a du se chercher un chemin étroit entre lac et montagne. Lorsque la compagnie du chemin de fer Est-Ouest (Ost-West-Bahn OWB) a relié les réseaux du Franco-suisse et du Schweizerische Centralbahn en 1860, elle a choisi un tracé à voie unique, le long du lac de Bienne.

Avec l’augmentation du trafic, il a fallu doubler la voie. A deux endroits en particulier, la place manquait pour doubler la voie à son emplacement initial. L’un de ces endroits se situe entre Bienne et le lieu-dit Funtelen, près d’Alfermée. Pour permettre la construction de la deuxième voie, il a fallu remplacer le tracé original le long de la route et du lac par un tunnel de 2432m de long, le tunnel de Vingelz (Vigneules en français). La mise en service date du 14 mars 1969.

La carte ci-dessus provient de la machine à voyager dans le temps de swisstopo et présente en superposition l’ancienne et la nouvelle situation.

Pour l’autre endroit difficile le long du lac de Bienne, pour lequel la deuxième voie n’est pas encore réalisée, c’est à nouveau un tunnel qui sera la solution. Je veux parler de la section Liegerz – Twann (Gléresse – Douane en français). C’est prévu dans la première étape de développement PRODES (horizon 2025), si le contre-projet direct à l’initiative de l’ATE pour les transports publics est accepté. (voir page 1548)

Les 150 ans, c’est aujourd’hui!

Les CFF ont organisé les 25 et 26 septembre de cette année une grande fête pour les 150 ans des chemins de fer dans l’arc jurassien et l’achèvement de la ligne du pied du Jura. Pourtant, le vrai 150ème, c’est aujourd’hui. En effet, le réseau « romand » s’arrêtait à la frontière entre les cantons de Berne et Neuchâtel avec une gare provisoire au bord du Lac de Bienne depuis le 7 novembre 1859 à un lieu-dit « Frienisberg ». Le réseau « allémanique » s’arrêtait à Bienne avec une ligne provisoire jusqu’au bord du Lac à Nidau (ligne ouverte le 1.8.1858 puis supprimée le 10.12.1860).

Les voyageurs et les marchandises devaient prendre le train jusqu’à Frienisberg, puis le bâteau jusqu’à Nidau et de là à nouveau le train. cette situation a duré jusqu’au 3 décembre 1860, lorsque la compagnie du chemin de fer Est-Ouest (Ost-West-Bahn OWB) a mis en service le tronçon manquant entre la frontière cantonale et Bienne. C’est à partir de ce moment que la ligne du pied du Jura est achevée et c’est donc bien aujourd’hui qu’elle fête ses 150 ans!

Ci-dessous un petit graphique pour illustrer les compagnies et les mises en service des différentes lignes.

3.12.1860, gare de Frienisberg…

Si vous recherchez Frienisberg, vous trouverez peut-être qu’il s’agit d’un hameau de la commune de Seedorf (BE) près d’Aarberg. En poussant les recherches, vous trouverez peut-être qu’il s’agit du nom d’une métaîrie sur la commune de Villiers (NE). Dans un cas comme dans l’autre, il n’y a pas de chemin de fer et donc pas de gare…

Et pourtant, il y a eu sur le réseau ferré Suisse une gare nommée Frienisberg!

Frienisberg est en effet le nom d’un hameau de la commune du Landeron qui tient son nom de l’ancienne Abbaye de Frienisberg, située au bord du lac de Bienne. Pendant une année, Frienisberg a eu une gare: c’était le terminus de la ligne du pied du Jura. Le 7 novembre 1859, les compagnies de l’Ouest Suisse (OS) et du Franco-Suisse (FS) ont mis en service le tronçon Yverdon – Frienisberg, la frontière des réseaux se situant à la frontière cantonale à Vaumarcus.

Mais pourquoi Frienisberg? Encore une fois à cause des frontières cantonales. Cette fois il ne s’agit plus de la frontière entre les cantons de Vaud et Neuchâtel, mais entre Neuchâtel et Bern. Le chemin de fer s’arrétait sur sol neuchâtelois à la gare provisoire de Frienisberg, à environ 400m de la frontière cantonale (cela correspond aujourd’hui environ à l’endroit où la A5 passe par-dessus la voie de chemin de fer). Une année plus tard, la jeune et éphémère compagnie Schweizer Ostwestbahn (OWB) mit en service le tronçon Biel/Bienne – frontière cantonale et le Franco-Suisse les 400m restants entre Frienisberg et la frontière.

C’était le 3 décembre 1860 et correspond à la première liaison entre les réseaux ferrés de suisse romande et de suisse allemande. La gare provisoire de Frienisberg fut supprimée par la même occasion.